An 2345, les plastics ont pris le pouvoir et font régner une terreur non violente pour ce qui est du contrôle social. On se demande encore comment ils ont réussi à imposer leurs idées, peut-être grâce à une promesse de non-violence. Mais la violence est encore pire, elle est insidieuse, hypocrite et bien plus traumatique. On ne tue plus, on pousse au suicide. On ne censure plus, on étouffe par le nombre. On n’attaque plus frontalement, on pousse les individus à faire ce que l’on souhaite. Les sciences cognitives ont suffisamment évolué pour établir des procédures non violentes dans le but d’arriver à manipuler les individus comme on le souhaite, dans le sens où on le souhaite, et sans qu’ils s’en aperçoivent. Un mot, une action devient le bouton que l’on pousse sur la zone cognitive que l’on veut stimuler pour déclencher une attitude, une émotion. La violence physique est mal vue, la manipulation est plus civilisée, la violence psychologique laisse peu de trace, le naturel tend à disparaître.
– Hahaha, oui bien sûr, je l’apporte demain.
Je ne supporte plus son rire et ses sourires forcés, son visage de plastique qui trahi ses compromissions passées. Tous ses gestes sont mécaniques, il n’est plus, il paraît. Mais c’est vrai qu’on est tous devenu comme ça, moi le premier. Depuis qu’il y a plus de 200 ans ils ont compris que l’image était ce qui faisait vendre, on est devenu des produits, on est formé scientifiquement à paraître pour optimiser notre vente sociale auprès des autres. Du coup on est tellement devenu obsédé par notre image, avec en fond la peur de ne pas bien se vendre, qu’on a plus rien de naturel. On pense tellement procédure d’optimisation au lieu de ressentir quoi faire qu’on est devenu complètement superficiel. Le pire c’est que tu vois les têtes de certains ça fait peur tellement tout est faux chez eux, on se demande où est la plus-value du produit, mais c’est scientifique, et puis comme ça on dépareille pas avec les autres.
Mais je me demande encore comment on en est arrivé là, à suivre toutes ces normes sociales absurdes pour survivre. Celui qui ne les suit pas est exclu, alors tout le monde se force, personne n’aime ça, mais on le fait tous. La dernière fois que je n’ai pas voulu me forcer à rire un blanc s’est installé dans la salle, tout le monde me fixait. Leurs regards semblaient me dire : « on se force tous à le faire, alors pourquoi tu ne le fais pas, tu te crois meilleur que nous ? ». Alors gêné j’ai rigolé d’un rire encore plus forcé qu’à l’accoutumé, alors tout le monde a ri, comme soulagé, un peu hystérique, surtout forcé. Hector, un nouveau venu, n’avait pas compris. Il est tombé en dépression quelques moi plus tard, enfin … ils l’on fait tomber en dépression.
Vous trouvez ça hypocrite, alors c’est que vous avez rien vu. On arrive encore à communiquer, mais celui qui ne suit pas tombe dans absurde land. On vous met dans une sorte de prison à l’envers, c’est pas que vous ne pouvez plus sortir d’un lieu où vous êtes enfermé, c’est surtout que vous ne pouvez plus rentrer nulle part, vous êtes éjecté, vous êtes enfermé dehors si vous voulez. Plus personne vous comprend, les dialogues n’ont aucun sens. Vous demandez A, on vous donne B. Vous parlez de A, on vous répond sur B et ainsi de suite. Le dialogue frontal du type « tu joues à quoi » est proscrit, la personne fera de toute manière mine de ne pas comprendre, généralement avec un sourire bien innocent. Avec les sous-titres c’est un peu comme si tu disais « bon allez arrête de me prendre pour un con » et que la personne vous réponde « non seulement je vais pas m’arrêter mais en plus tous ceux de ma clique vont faire de même jusqu’à ce que tu craques ou que tu te mettes au pas ». Si vous faites preuve de violence verbale, absurde Land s’intensifie ou c’est carrément la Répressive si tu mets les mains. De toute manière la franchise a disparu depuis longtemps, les plastics disent que ça heurte la sensibilité des gens. Du coup plus personne n’ose remettre les choses en question, sinon forcément ça va risquer de heurter ces choses en question. Alors on suit, sinon c’est absurde Land.
Demain d’ailleurs on doit remettre le rapport sur les procédures cognitives de la Répressive. Là encore la force physique n’est plus de mise, surtout avec les déviants. Ils sont aidés par les membres des classes dominantes qui cherchent à conserver leur rang, et les informateurs comme moi qui se sont fait piéger. Ça fait d’ailleurs longtemps que la Répressive n’est plus là pour assurer la paix sociale ; elle est surtout là pour protéger l’ordre établi, les classes dominantes, et mettre la masse au pas.
Vous vous demandez comment je suis devenu informateur ? Comme beaucoup, j’ai été piégé par la Répressive. Ils ont mis en place une procédure de mise au pas, ont provoqué la faute, à un moment j’ai craqué et fait un truc illégal, et là la Répressive m’est tombé dessus, officiellement j’entends. Maintenant ils me tiennent par les couilles comme on dit. Et puis n’allait pas croire que j’ai balancé qui que ce soit, l’entourage était tous des informateurs ou des civils de toute manière, alors personne à balancer. Maintenant ? Bah oui, maintenant je balance et je provoque. Maintenant je fais partie de la clique dont je parlais avant, parce que la clique c’est eux. Du coup l’autre effet de bord d’un absurde Land c’est que si vous allez vous plaindre suite à des agissements de la clique, ben vous allez vous plaindre chez ceux qui vous emmerdent, alors n’attendait pas à ce qu’ils arrêtent les leurs, ils mettront en place la procédure toupie, la procédure qui vous fait tourner en rond.
Alors quand tu craques, c’est justement la Répressive qui va innocemment te demander pourquoi t’as craqué. En fait ils attendaient que ça, que tu viennes à eux pour commencer à te cuisiner. Ils savent déjà tout, parce que c’est eux les coupables, ils te poussent à la faute pour mieux te mettre à l’amende. Alors après avoir pris un plaisir malsain à bien te faire comprendre combien tu vas prendre chère, ils peuvent même te proposer d’être tes sauveurs envers qui tu devras avoir une énorme gratitude de t’avoir tiré du pétrin … dans lequel ils t’avaient mis. Donc informateur ça va, faut voir les autres options. Bien sûr ya la prison, mais si t’as eu le cerveau trop cramé par absurde Land c’est la psychiatrie, et là tu peux même leur servir de cobaye pour leurs expériences de contrôle. Bah, c’est pas un fou qui va risquer de se plaindre, qui le croira ? Du coup c’est aussi l’option pour les opposants et ceux qui auraient trop de choses à dire, qui les croira ?
Un dernier truc, depuis que je suis devenu informateur ils ont activé ma puce radio pour qu’on puisse communiquer. Parce que je vous avais pas dit, mais à la naissance on nous loge tous une puce dans le cerveau. La masse le sait pas, et je ne sais pas tout ce que l’on peut faire avec. En gros ils débloquent les fonctionnalités en fonction de votre hiérarchie, et informateur c’est pas le haut du panier vous pensez. Je sais juste que la dernière fois que j’ai contrarié un supérieur j’ai eu un drôle de mal de crâne. Après le gars a souri sadique en voyant mon rictus, j’ai compris.
Et contrarié parce que j’ai eu le malheur de le remettre en question, une remarque en fait. Ça passe plus chez nous, à croire qu’on est tous devenu caractériel ou complexé je sais pas, on supporte plus la moindre remarque. On est tous prêt à baisser notre froc en bouffonnant en société parce que c’est devenu la norme, que soit disant faudrait pas se prendre au sérieux, mais une remise en question et vous allez voir comment on devient sérieux, surtout pas de remarques.
Bien sûr ça aide pas à évoluer, imaginez une société ou plus rien ne peut être remis en question, où la moindre remarque est prise comme une insulte en lieu et place d’une invitation à la discussion. Bah du coup la société se fige, elle avance plus, on ne peut plus rien lui dire, elle se paralyse et on lui laisse peu de temps avant de se faire dépasser par une autre. J’imagine que ça doit être une sorte de compensation, un peu comme une putain que vous insultez, si vous l’avez raqué elle dira rien, mais si vous êtes pas client et que vous lui dites même pas le centième que ce qu’un de ces clients peut lui faire elle va péter un plomb et mettre en avant le sacro-saint respect. Elle compense surtout le respect qu’elle a perdu auprès de ces clients et à qui elle peut trop rien dire. Et nous on fait pareil en acceptant de bouffonner pour travailler, on compense nos bouffonneries, nos sourires forcés, nos petites courbettes, et tous ce que les normes nous disent de faire et qu’on a pas envie de faire. Et on se retrouve à 40 balais avec une tête de plastic à force d’avoir paru toute notre vie au lieu d’être. Mais surtout pas de remise en question, faut bien compenser. Et puis entre nous, si les normes disent que c’est mal de faire des remises en question, que c’est anti-social, que ça heurte la sensibilité de notre prochain, du coup on prend le pli pour notre prochain et l’ensemble, on perd notre envie de critiquer, et au final ça limite les besoins de censure, on s’autocensure. Donc si la critique est une des bases de ce que l’on appelle une société démocratique, je crois que vous avez compris où je vis.
Ok, j’exagère un peu, on a encore la possibilité de faire des remarques mais faut qu’elles soient indirectes, une sorte de jeu de billard si vous préférez. On parle à l’un pour passer le message à l’autre. On utilise des images et toutes sortes de paraboles. Ça évite de froisser le principale intéressée, qui pourra prendre en compte ou non la remarque. Puis la réponse vous reviendra éventuellement par un tiers.
J’ai toujours trouvé paradoxale que dans une société à la pointe des sciences cognitives on ait laissé de côté le facteur du malentendu comme cause d’opposition entre les différents groupes d’une société, peut-être pour mieux se concentrer sur le côté manipulation. Parce que vous voyez le genre de bordel que ce mode de communication peut occasionner et les malentendus que ça peut occasionner si on est pas du même monde, si on partage pas les même codes. Déjà qu’en parlant clair on peut laisser des malentendus en place, alors vous imaginez qu’avec toutes ces circonvolutions pour éviter de heurter la sensibilité de l’autre on risque de laisser en place pas mal de malentendus qui risquent au final de heurter encore plus violemment les protagonistes selon les cas. Sur le long terme je ne sais pas si c’est la meilleure solution.
Et je parle même pas des cas où vous n’êtes pas près de saisir le message si vous ne vous sentez pas viser mais que l’autre a fantasmé, il risque toujours d’attendre sa réponse par un tiers ou un quelconque changement d’attitude. Mais ce qui peut aussi poser problème si le gars le prend mal, après on risque de plus savoir qu’est-ce que l’on est en train de payer si cet autre attendait une réaction en retour, tient à cette réaction et engendre un absurde Land lié à son mécontentement du fait de ne pas l’obtenir. En gros tu peux aussi être jugé et condamner sans autre forme de procès, personne viendra te dire ce qu’il te reproche, des fois tu manges tu sais même pas pourquoi, à toi de te démerder avec ça. Un beau bordel je vous dis, et que je n’arrive à supporter qu’avec mes maîtresses si on veut faire l’analogie avec une certaine nécessité de devoir pratiquer l’art divinatoire ; et d’autant plus qu’elles me donnent des avantages que mes concitoyens sont loin de pouvoir me donner. Mais bon, ça permet aussi à chacun de rester dans son groupe, d’éviter le dialogue, comme de maintenir les oppositions et les dominations. On reste dans le flou, on est jamais clair.
Mais je m’égare, je parlais d’un rapport de procédure de la Répressive. Voilà comment ça fonctionne, laisser moi vous montrer comment l’on peut aller jusqu’à détruire une personne dans un monde civilisé, et bien sûr sans violence physique, violence qui a la fâcheuse tendance de laisser des traces. Bref, on peut aller jusqu’au meurtre parfait en cas de suicide de la cible, en passant par les meurtres sociaux ou psychique. Mais, en toute courtoisie, et bien sûr dans le respect des lois en vigueur. Seront utilisés à cet effet la pression sociale et certaines techniques de manipulation.
On commence déjà par le contrôle de base. Le but est de montrer à la cible qu’elle n’est pas seule et qu’elle a potentiellement du monde sur le dos. Sont utilisés à cet effet le regard, les gestes et les mots clefs que chaque membre de la clique pourra utiliser. Gestes et mots clefs doivent êtres au nombre de 2 ou 3 maximums, ils devront être répétés au passage de la cible. Les gestes et mots clefs pourront être personnalisés, ou commun tiré de l’argot de la clique. La meilleure utilisation des mots clefs se fait au milieu d’une phrase lors d’une conversation, ou par simple utilisation du mot clef seul. Au bout d’un certain temps la cible devrait comprendre qu’elle a du monde sur le dos. Important, toujours dénier si la cible vient vers vous, nous n’existons pas. Si la cible est des nôtres alors nous n’existons plus pour elle.
On utilise ce principe juste pour montrer les muscles si par exemple la cible a fait preuve d’un acte qu’un des nôtres a jugé répréhensible. En cas de récidive on continue jusqu’à ce que la cible se soumette. Dans le cas contraire la cible tombera dans la goutte d’eau, un principe de torture visant à laisser tomber une goutte d’eau sur le front d’une personne dans le but de la faire devenir folle par un effet de répétition. La répétition des mots clefs et des gestes clefs étant la goutte d’eau qui rendra folle la cible par ce que l’on appelle un principe d’accumulation, du harcèlement si vous préférez. En tout cas ça lui filera du stress si c’est pas les chocottes. Déni de notre existence, et envoie au poste de la Répressive en cas de violence caractérisée font que la cible se sentira comme serrer par des liens, étouffer par la force du nombre. Elle doit se sentir impuissante, et ce, quoi qu’elle fasse. Notre présence au sein de la population est amplement suffisante pour produire l’effet.
D’autres techniques peuvent aussi être mise en place. Ainsi nous pouvons tendre à isoler la cible. Dans ce but nous allons détruire sa réputation. Dans son voisinage nous allons la montrer comme une mauvaise personne qui a commis des actes malsains, agressive, etc. De cette façon les gens auront une image négative de la cible et tendront à agir de manière négative avec elle. La réaction est humaine. De la même façon la cible aura de plus en plus tendance à agir de manière négative en retour ce qui confirmera sa « réputation ». Le but est d’augmenter le stress de la cible, de la pousser à la violence contre les autres ou elle-même. La Répressive pourra par exemple passer dans son voisinage demander si la cible se comporte bien pour éveiller le doute de ce voisinage. Bien sûr aucune information supplémentaire ne sera communiquée au voisinage, le fantasme de chacun et le quand dira-t-on sera bien plus efficace que tout ce que nous pourrions inventer. La cible pourra aussi devenir un paria, dans ce but nous nous efforcerons d’éloigner ses proches d’elles, par corruption, menace, désir, envie, jalousie, etc. Pousser à l’extrême, fréquenter la cible sera synonyme de rejet social. Pour arriver à ces extrémités, il est impératif que la cible ait une mauvaise image, personne ne devrait se sentir coupable du rejet ou de nuire à un innocent, les gens rêvent d’un monde juste.
Pour ce qui est d’absurde Land, et bien voilà. La cible devra constamment être contrarié par les nôtres. Nous « jouerons au con » avec elle dans le but d’éviter tout dialogue normal. On ne la comprendra pas, on répondra à côté, elle demande A nous lui donnerons B. Nous la ferons tourner en rond. Nous utiliserons les injonctions contraires et autres doubles-contraintes. Le but est d’engendrer un maximum de frustration, de stress et de sentiment d’impuissance. On tendra à humilier la cible, la rendre ridicule, la rabaisser, et bien sûr on la fera culpabiliser, ça ne pourra être que de sa faute. Bref, tout ce qui peut casser le moral et la confiance d’un individu, ou encore lui mettre la haine. Provoquons là constamment. Et toujours avec le sourire et une certaine incompréhension si la cible prend mal les choses, nous sommes les gentils.
Nous pourrons monter toute sorte d’opération de sabotage pour la dévier de ses objectifs, elle doit être prise dans nos filets, que ses pensées soient tournées vers nous pour mieux la saturer cognitivement, elle ne doit pas pouvoir s’échapper de cette prison mentale dans laquelle nous devons la conserver. Vampirisons-la, vidons-la de ses énergies. Le rire aussi c’est pas mal, ça ridiculise, ça remet en question et ça permet de prendre l’ascendant. On s’en sert aussi pour décrédibiliser un argument qui nous plais pas, du coup inutile d’argumenter. Un des nôtres a repéré une chose que n’aime pas la cible, une parole, une question, un acte, un produit, etc ? Alors servons la lui, répétons-lui ce qu’elle n’aime pas jusqu’à écoeurement. Une chose qu’elle aime ? Mettons la lui devant les yeux et retirons la lui lorsqu’il tente de l’obtenir. Rappelons-lui par d’innocentes questions pourquoi elle n’a pas cette chose, faisons la culpabiliser face aux multiples frustrations que nous lui occasionnons. Montrons un des nôtres avec cette chose qu’on lui empêche d’avoir, ajoutons de l’envie à sa frustration. Alors couplé avec le principe d’accumulation la cible aura bientôt le cerveau cramé par le stress, pétera un câble, se suicidera ou se soumettra. Le stress faisant baisser les défenses immunitaires, au pire elle crèvera d’un cancer en fin de vie. Et le tout avec le sourire, et bien entendu nous ne savons pas de quoi elle parle si elle ose poser des questions.
Voilà, voilà. Imaginer maintenant le nombre que représentent les forces de la Répressive, les classes dominantes, les diverses forces de sécurité, les informateurs et autres civils travaillant au gouvernement. Vous voyez le nombre que cela peut représenter dans une ville ? On a même pas besoin de venir chercher la cible elle viendra à nous d’une manière ou d’une autre. Et le tout sans utilisation de la force, mais avec une base de donnée des cibles mise à jour et d’un simple besoin de communication d’informations qui n’a même pas besoin de se faire en temps réel. Pas bien compliqué au fond, et bien sûr sans « violence » et avec le sourire. Et puis ce qu’il y a de bien avec la violence psychologique c’est que la personne aura du mal à se plaindre pour trouver du réconfort. Quand tu reviens la tête en sang ya toujours une bonne âme qui va faire preuve d’empathie, tu peux mettre un mot sur tes maux. Bah là non, même ça c’est plus permis avec les plastics, tu peux même plus passer pour une victime si tu te fais attaquer. On pourra même te dire que tu exagères, que tu déraisonnes, que tu fais de la parano, etc. De victime tu passeras bientôt à coupable. Imagine, tu t’es fait cramer le cerveau au point de finir à l’asile, en sortant tu vas te faire rejeter par tout le monde parce que maintenant t’es considéré comme fou, mais pénalement t’es même pas une victime, dans nos lois ya rien de prévu pour punir l’intensité d’un cramage de cerveau et ces conséquences comme on pourrait le faire avec un dommage corporel. Et bien sûr tout le monde trouve ça normal, en revanche si tu claques un provocateur qui veux te cramer le cerveau suite à une accumulation, ben là tu vas avoir tout le monde sur le dos et tu seras responsable pénalement. Pervers non ?
Alors ça c’est un peu la base, après ya des variantes dans la mise en œuvre, le nombre de personnes impliquées pour augmenter ou diminuer l’intensité, les temps de pause pour faire croire à la cible que c’est fini, le faire lourdement, en discrétion, etc. On peut tout autant communiquer en temps réel avec nos puces, voir même envoyer des sons, paroles et autres types de stimulations avec ces puces que tout le monde a, en le sachant ou non, mais c’est une autre histoire. Donc c’est précisément le but de notre rapport cognitif que l’on remettra demain, de quelle façon utiliser ces procédés de manière optimum en fonction de ce que l’on veut faire faire à la cible. Des fois c’est juste pour la virer d’un lieu, des fois pour la cramer et la pousser au suicide.
Voilà, maintenant c’est comme ça qu’on règle nos comptes, avec la terreur youkaïdi, youkaïda. On te baise avec le sourire, c’est légal, et en plus ça n’existe pas. Bon on dit pas que des fois y a eu des ratés, genre des gars qui se sont procuré des armes et ont tiré dans le tas. Mais bon ça s’est souvent passé dans les écoles, les fils à papa qui sont au courant des procédures sont pas encore trop pros et veulent faire comme les grands sans trop savoir gérer, alors du coup … Et encore je parle pas de certaines para cliques qui se mettent en place, des groupes privées qu’on paie pour envoyer un type à l’hosto et autres types d’activités criminelles, on essaie de les récupérer mais bon.
Alors on ne tue plus monsieur, on suicide. Nous sommes civilisés et non violent. Le temps des hommes qui s’assument et prennent des risques est révolu. Le meurtre est à portée de toute lope en groupe, au pire elles prendront des gnons et iront faire du fric en portant plainte. On n’aime pas la violence chez nous monsieur, mais on sait tuer intelligemment, sans trace, sans risque et en toute hypocrisie. Bienvenue à absurde Land, la nouvelle société à responsabilité limitée.